Dominique COSTAGLIOLA

Dominique Costagliola

Une scientifique sur le front des maladies infectieuses

J’ai apporté ma pierre à l’édifice mais je n’imaginais pas que ça changerait à ce point la donne.

Du diabète au VIH, en passant par la COVID-19, Dominique Costagliola a toujours navigué à vue en gardant comme cap la santé de ses prochains. Chercheuse mondialement reconnue pour ses travaux et son franc-parler, elle est l’ennemie des virus et des fake news.

Peste, choléra, variole, grippes, Ebola… L’histoire regorge d’épisodes épidémiques relatés depuis l’Antiquité. C’est encore le cas avec la pandémie de COVID-19 due à l’apparition du virus SARS-CoV-2, dont les cousins SARS2 et MERS3 avaient mis en garde, respectivement en 2003 et en 2012, quant à l’imminence d’une pandémie. Le grand public découvrait alors l’épidémiologie, une discipline scientifique tournée vers la surveillance de l’émergence de maladies susceptibles de décimer les populations humaines.

Cette branche de la recherche médicale n’est pourtant pas un bourgeon. Elle est l’héritage des travaux de John Snow, médecin londonien qui, dès 1849, eut l’idée de corréler données médicales et situation géographique pour déterminer l’origine d’une flambée de choléra dans un quartier de la capitale britannique. Et c’est sur cette branche que Dominique Costagliola a établi son nid, il y a près de 40 ans.

Une volonté plus qu’une vocation

Née à Asnières-sur-Seine, elle est la benjamine d’une famille où se mêlent cultures italienne, espagnole, française et belge. À la maison, ses parents valorisent sa réussite scolaire et celle de ses deux frères. Ils seront la première génération de la famille à effectuer des études supérieures. Dominique Costagliola obtient son bac C4 en 1971 mais ne sait vers quelle filière s’orienter. « Petite fille, je n’avais pas de vocation chevillée au corps que je devais absolument atteindre. » Une chose est sûre cependant : ce sera de la science. « Je ne savais pas pourquoi mais ce n’était pas matière à débat. »

Elle entame donc une maîtrise de physique à Sorbonne Université, qu’elle valide sans difficulté en 1975. Mais pour elle, ces quatre années sont un calvaire, ne sachant toujours pas ce qu’elle souhaite faire de son avenir. Ses excellents résultats lui permettent de prétendre à une entrée « sur titre » en deuxième année à l’École nationale supérieure des télécommunications5 (ENST). Deux ans plus tard, elle a son diplôme d’ingénieur en poche et une nouvelle certitude en tête : « Je ne voulais pas être ingénieure parce que la plupart des élèves donnaient l’impression qu’ils n’auraient plus jamais d’efforts à faire. Je trouvais ça terrorisant ! »

C’est à ce moment-là que se présente l’opportunité qui scellera sa carrière. En seconde année à l’ENST, elle suit une option de génie biologique et médical. Ses enseignants lui proposent de rencontrer Alain-Jacques Valleron, qui dirige un laboratoire de biomathématiques à l’Inserm, pour effectuer un DEA6 et, qui sait, une thèse. Une révélation ! « C’est de cette première expérience en épidémiologie et santé publique qu’est née mon envie de devenir chercheuse. »

Elle poursuit avec une thèse qu’elle soutient en 1981, ce qui lui vaut d’être recrutée comme chargée de recherches par l’Inserm, en 1982, après quelques tentatives infructueuses. Et pour cause : « Mon sujet portait sur la prise en charge des diabétiques et l’éducation pour la santé par une approche quantitative, mais je ne cachais pas mon envie de travailler sur les maladies infectieuses. » La motivation est enfin là, « parce que, enfant, j’ai vu autour de moi les conséquences désagréables ou dramatiques de ces maladies ». Pourtant, elle se cherche encore, « sans doute parce que je n’utilisais pas assez mes compétences en statistiques dans mes recherches », explique-t-elle. Elle explore différentes pistes, s’essaye à l’analyse d’images. Mais le grand tournant de sa carrière intervient lorsqu’elle commence à travailler sur une épidémie apparue cinq ans plus tôt. Nous sommes en 1986, le Sida fait des ravages.

Le combat d’une vie

« Je me suis d’abord intéressé à l’épidémie de Sida par curiosité. » Lors d’un séminaire organisé par son laboratoire, la présentation de deux articles utilisant le même jeu de données pour estimer la durée d’incubation du VIH chez des patients transfusés l’intrigue. Le premier conclut à une durée de 5 ans, le second, 15 ans. « En analysant les deux articles, j’ai vu que l’auteur du second avait, sans le dire, imposé une contrainte statistique qui faussait le résultat. » Elle le signale à la revue Nature, éditeur de l’article, qui publiera sa remarque en 1979, lui conférant une autre dimension. Mais sa décision est déjà prise : elle se consacrera entièrement à l’infection par le VIH.

Dès 1988, elle participe à la création de la base de données hospitalière française sur l’infection à VIH, une cohorte dont elle est encore aujourd’hui l’investigatrice principale. Elle s’intéresse aussi aux paramètres cachés de l’épidémie, tels que sa taille ou le délai avant le diagnostic.

En 1991, elle fait la connaissance de Christine Rouzioux, professeure de virologie à l’Hôpital Necker et membre de l’équipe qui a découvert le VIH en 1983. Ensemble, elles travaillent sur la chronologie de la transmission mère-enfant du virus pendant la grossesse et montrent qu’elle intervient tardivement, au dernier mois voire lors de l’accouchement. «C’est le travail le plus important de ma vie de chercheuse parce qu’il ouvrait la voie à des interventions susceptibles de réduire les risques d’infection dans les pays en développement. »

Chercheuse citoyenne

En 1993, elle est nommée au conseil d’administration de l’Inserm, qu’elle quittera en 1999. De 2001 à 2005, elle intègre le Conseil national du Sida et des hépatites virales. En 2013, elle reçoit le Prix recherche Inserm pour ses travaux sur le VIH/sida avant de prendre la tête de l’Institut Pierre Louis d’épidémiologie et de santé publique de Sorbonne Université l’année suivante jusqu’en 2018, date depuis laquelle elle en est la directrice adjointe. Entre temps, elle est élue à l’Académie des sciences, en 2017.

Depuis janvier 2020, elle qui s’était jusque-là consacrée au VIH attaque un autre chantier en abordant l’évaluation des recherches sur la CoVID-19 à travers des projets en épidémiologie et en recherche clinique de traitements. Son aura internationale lui vaut d’être invitée, dès le début de la crise sanitaire, dans les médias où elle tacle sans ménagement chercheurs et médecins qui « choisissent de malmener la science ». En décembre, l’Inserm la consacre en lui décernant son Grand prix.

Membre de l’association AIDES depuis 2017, elle a contribué à la grille d’accès à l’assurance et au crédit de la convention AERAS pour y inclure les personnes vivant avec le VIH, et à son amélioration, en mars 2021.
Directrice de recherche émérite depuis le 1er septembre de cette même année, elle ne compte pas s’arrêter là. « J’ai des projets de recherche pour les quatre ans à venir. » Notamment l’étude Prévenir, sur les effets d’une protection antirétrovirale avant l’infection, et la création d’un réseau européen d’évaluation des traitements et des stratégies d’intervention rapide contre les maladies infectieuses émergentes, financés tous deux jusqu’en 2025. « C’est un travail sans fin. J’ai apporté ma pierre à l’édifice mais je n’imaginais pas que ça changerait à ce point la donne. »

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